dimanche 30 mars 2008

Le pique-nique du Contadour

Comme chaque dimanche, pour autant que je le puisse, un pique-nique dominical…

"Il n'y a pas un millimètre au monde qui ne soit savoureux."
(Extrait de Les vraies richesses)


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(source)

"La Provence dissimule ses mystères derrière leur évidence."

Monsieur Giono,

Fin mars 1895 à Manosque, un petit Jean faisait son apparition.
Manoque des Basses-Alpes. J’aime cette terre à laquelle vous êtes resté attaché toute votre vie, cette terre que vous avez glorifiée dans vos écrits…
Je pensais à vous il y a quelques jours, en allant me promener du côté du Contadour.
Oui, je sais bien que le sujet vous a été douloureux.

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Vous aviez, pendant quelques étés, adopté ce morceau de terre des Basses Alpes, vous en aviez fait un lieu de bien-être, et autour de vous, l’on y vivait en plein air, on y discutait, on y lisait, on y écoutait de la musique, on se promène sur les étendues désertiques du plateau en refaisant le monde.
Ce monde idéal, rêvé par tous, était enfin réel, au milieu des collines, des forêts de pins, de la lavande et des hautes herbes. Le temps que duraient ces rencontres du Contadour, permettait de quitter la vie trépidante menée d'ordinaire par vos amis, composés principalement d'intellectuels parisiens.

Vous, qui aviez été si marqué par la grande guerre dans toute son horreur, vous aviez choisi, voyant arriver la seconde guerre mondiale, le pacifisme, car pour vous, "le héros militaire est un dupe", et "le héros n'est pas celui qui se précipite dans une belle mort; c'est celui qui se compose une belle vie."
Et votre « engagement pacifique », entre autre couché sur le papier dans les textes – Refus d’obéissance, …-où vous dénonciez la mobilisation, vous coûta bien cher : quelques mois de prison. André Gide vous sortira d’un mauvais pas, mais vous étiez marqué pendant longtemps du sceau de ceux qui ne voulurent pas combattre, et la France résistante ne vous le pardonna pas, durant de longues années. Près de 60 ans plus tard, avec tous les évènements qui suivirent, modelant notre pensée, c’est une attitude que nous ne jugeons pas avec la même violence que vos contemporains ont pu le faire.

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Quelle étrange chose qu’ aujourd’hui ce Contadour soit à la fois marqué par votre idéal de vie tranquille, de bonheur simple, et par le chemin des résistants, ce maquis dur et sauvage où agirent dans l’ombre des dizaines d’hommes prêts à mourir pour ce même idéal.

Que ma joie demeure, Le chant du monde, Le bonheur fou, Les vraies richesses, … rien que les titres de vos ouvrages disent votre amour de la vie… Quel merveilleux conteur vous êtes, vous sublimez la vérité, vous la transfigurez, vous savez peut-être simplement regarder, sentir, écouter, savourer, ce que beaucoup ne savent pas ou plus.

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J’aime quand vous déclarez que "s'en tenir à la vérité serait préférer le code civil à Stendhal", ou encore que "pour bien mentir il faut beaucoup de sincérité"…

Alors, pour nous faire oublier la grisaille du mois de mars, peut-être pourriez vous nous conduire dans ce lieu aimé, même s’il fait encore bien frais, nous nous habillerons chaudement, je sais bien la Haute Provence s’appelle réellement Basses-Alpes.
Et vous viendrez avec de la fougasse ou un tordu, des fromages de chèvre de Banon, un peu de saucisson peut-être, des olives et du vin, moi j’apporterai des fruits confits de la plaine du Vaucluse, et du nougat de Sault, qui n’est pas bien loin du Contadour, et qui est encore meilleur que le nougat de Montélimar…

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(sources fromage et fougasse)

A bientôt,
D.

5 commentaires:

penelope a dit…

Quel bel hommage à cet auteur que j'aime aussi beaucoup. Je serai volontiers d'un pique-nique si savoureux!

Anonyme a dit…

et "L'homme qui plantait des arbres"… je l'ai lu un jour à mon fils, et c'était très fort de raconter à haute voix, avec parfois la gorge nouée par l'émotion… (soupir) et oui, un pique nique avec une fougasse, à force d'être loin, on oublie…

caroline_8 a dit…

ton pique nique, tout en restant bucolique, est hautement intellectuel. On en ressort un peu plus éclairé et ça, j'aime! J'ai lu plutôt ses premières oeuvres dans ma période "retour à la nature" dans les années 70 et je les ai relu (Henri Bosco aussi) lorsque j'étais lasse de la vie citadine dans les années 90... J'irai bien me promener dans la garrigue et croquer une énorme fougasse! J'y ai goûté au banon à Gordes! et avec tout ces choses simples, qu'est ce que l'on boit?

Marraine a dit…

> penelope: en ce jour anniversaire, je trouvais que ce pique-nique s'imposait!

> sissi minanaä : C'est un très beau texte, je l'ai lu aussi il y a queleus années, et la création du texte lui-même est une jolie histoire, où Giono-conteur joua à nouveau " le menteur de la vérité".

> caroline: Ce que l'on boit? Mais les petits vins de la plaine du Vaucluse, des coteaux du Ventoux ou du Luberon par exemple, ça reste dans le coin! Il y a une bonne coopérative vinicole à Apt, entre autre, un bon caviste à Banon, un autre à Forcalquier... Ne t'inquiètes pas, on ne sera pas en manque ;-)

VanessaV a dit…

Quel beau programme! Profiter des belles choses, avec de petits riens savoureux et une nature que j'aimerais découvrir. Quel beau partage, pour un pique-nique ou un week-end de réconciliation avec la vie. Merci
Et ne connaissant pas cet écrivain, je ne peux que le lire à travers ton ressenti...

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