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Il est des endroits ordinaires qui racontent des histoires extra-ordinaires.
Des endroits sales et mal tenus, désordonnés, crasseux, pouilleux même parfois. Des endroits qui donnent à respirer un air glauque, une atmosphère fétide ou chargée de poussières ou de maladie, un misérabilisme digne de Zola ou de Dickens, mais qui aussi bien que ces auteurs racontent une histoire.
Des histoires.
Des lieux qui sont plus que des illustrations.
On y entend les voix, les bruits, la vie.
Dans l’arrière cour pavée d’une boucherie que n’aurait pas reniée le personnage principal de Delicatessen, les poubelles de métal ont été sorties par la concierge de l’immeuble d’à côté.
La lumière tombe du réverbère, jaune, sale elle aussi.
La pompe à eau semble n’avoir jamais craché qu’une eau boueuse puisée dans le fleuve proche. Le sang des bêtes a taché le sol par endroit, on le lave à grande eau, sans jamais arriver à éliminer les derrières traces.
Un rat traverse la cour.
Un chat galeux guette depuis la lucarne, toujours en guerre contre les rongeurs, trop nombreux.
On sent la pisse de chien, de chat, l’urine d’un ivrogne, le vomi d’un enfant, pleurnichant, et plein de morve, se mouchant dans le tablier se sa mère, épuisée par les grossesses…
Plus loin c’est un atelier, ou une serre, ou les deux. Un jardin d’hiver en désordre. Des toiles, des pinceaux, des palettes sur la table, le chevalet, par terre, partout…
Les murs sont recouverts de papier peint qui a moisi par endroit. Le lieu est humide, froid, plein d’objets, de souvenirs, de plantes dont on se demande comment elles peuvent survivre ici.
L’occupant des lieux mène une vie de Bohème, faite d’on ne sait trop quoi.
De peinture probablement.
Les vitres sont sales, comme tout le reste.
Ca sent le tabac froid, la peinture, la moisissure.
Un grand tapis persan très élimé, mais qui du être très beau en son temps, couvre une partie du sol carrelé de noir et blanc.
La pièce a un beau volume, mais rien n’a été entretenu.
Et puis il y a le hammam... entre autre car Ronan-Jim Sévellec a créé tant de lieux miniatures depuis 1989 que les histoires ont nombreuses.
Ce sont des boites qui tiennent à la fois de la maison de poupée et du cabinet par leur côté miniature emboîtée et de la curiosité par le sentiment qu’elles provoquent. On se sent voyeur d’un monde étrange, qui attire l’attention par l’accumulation de détails et par son insalubrité.
Ce hammam qui l’on découvre dans sa grande boite de verre, est littéralement mis en vitrine, et nous sommes comme les passants devant les grands magasins. On s’attend presque à y voir arriver les baigneurs.
Mais également, cette boite comme un cercueil de verre semble renfermer quelque chose de mort. L’eau a croupi dans le bassin, l’humidité a noircit par endroit le carrelage, la pourriture fait son office.
La dernière exposition a eu lieu à la Galerie Nuit d’encre
64 rue Jean-Pierre Timbaud
75011 Paris
La prochaine aura lieu à l’automne 2008
Galerie Antonime Catzeslis
23 rue st Roch
75001 Paris
liens:
-le site de Ronan-Jim Sévellec
-les articles de la Galerie Nuit d'Encre qui lui sont consacrés
11 commentaires:
Formidable ta découverte. J'ai toujours aimé "la vie en boite" les tableaux en 3D, les maisons de poupées, les maquettes-mise en scène. A mes élèves, il y a longtemps, j'avais ainsi fait reconstituer des scènes de "Les enfants terribles" de Cocteau
Un univers qui me touche énormément.
Tentant! J'irai chez Antonine à la rentrée.(A noter pour ne pas oublier!)
je connaissais pas c'est étonnant !!
et très poétique!
dans ce genre il y a le musée de la miniature à Lyon je pense que ça te plairait .
(il aurait pu s'inspirer des combles ouj'habitais avant exactement dans cet état là mais j'ai malheureusement pas pu prendre de photos)
> Caroline: Les enfants terribles? ça devait être formidable! Lorsque j'étais étudiante, nosu avions un cours "d'illustration en volume", ça m'y fait aussi beaucoup penser...
> La source: Je suis contente de partager ma découverte et qu'elle provoque de telles réactions!
> Bridget: je pense que tu ne seras pas la seule ;-)
> Laetitia: Tu n'as pas pris de photos? Quel dommage que je ne l'ai pas fait non plus lors de ma visite l'an dernier!
supe rintéressant comme approche. J'aime beaucoup son univers. Merci pour la découverte!
Offrirais-tu des miniatures de tes créations à cet autre maître de l'illusion ? Une boutique secrète de La Fille du Consul dans un monde parallèle.
> Valéyrie: ce qui m'a étonnée c'est que ce n'est pas un débutant, il travaille depuis très longtemps, mais je n'en avais jamais entendu parler.
> Florizelle: Un mode parallèle qui m'attirerait bien plus que Second life!
I litterly had to look twice, cannot believe that these are miniatures! Unbelivable and truly delightful!!!
incroyable! c'est en fait une version trash de maison de poupée! ça change du niaiseux!
> Ulla: I understand, the details are so realistics!
> Virginie: je crois que tu as bien défini son travail!
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