mercredi 21 mai 2008

Petits pois et autres fèves

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Mitchell Feinberg
Lisa Cohen

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Mitchell Feinberg

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Aider à écosser des petits pois.

C'est presque toujours à cette heure creuse de la matinée où le temps ne penche plus vers rien. Oubliés les bols et les miettes du petit déjeuner, la cuisine est si calme, presque abstraite. Sur la toile cirée, juste un carré de journal, un tas de petits pois dans leur gousse, un saladier.
On n'arrive jamais au début de l'opération.
On traversait la cuisine pour aller au jardin, pour voir si le courrier était passé...
-Je peux t'aider?
Ca va de soi. On peut aider. On peut s'asseoir à la table familiale et d'emblée trouver pour l'écossage ce rythme nonchalant, pacifiant, qui semble suscité par un métronome intérieur.
C'est facile, d'écosser les petits pois [...]

Alors on parle à petits coups, et là aussi la musique des mots semble venir de l'intérieur, paisible, familière. De temps en temps, on relève la tête pour regarder l'autre, à la fin d'une phrase; mais l'autre doit garder la tête penchée - c'est dans le code. On parle de travail, de projets, de fatigue- pas de psychologie. L'écossage des petits pois n'est pas conçu pour expliquer, mais pour suivre le cours, à léger contretemps. Il y en aurait pour cinq minutes, mais c'est bien de prolonger, d'alentir le matin, gousse à gousse, manches retroussées. On passe les mains dans les boules écossées qui remplissent le saladier. C'est doux; toutes ces rondeurs contiguës font comme une eau vert tendre, et l'on s'étonne de ne pas avoir les mains mouillées. Un long silence de bien-être clair, et puis:
-Il y aura juste le pain à aller chercher.

Extrait de La Première Gorgée de bière et Autres Plaisirs Minuscules de Philippe Delerm.
via Délices de papier

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Sissi Edholm & Lisa Ullenius

6 commentaires:

Anonyme a dit…

tout ronds, doux.. ils glissent entre les doigts, couleur campagne au printemps. De leur odeur légèrement acide ils caressent mes narines, je ne peux m'empêcher d'en croquer quelques un tout crus. Et en plus photogéniques.. ils ont tout pour me plaire :-)

Marraine a dit…

> Nath: Tu les croques toi aussi? j'ai la facheuse tendance à les manger au fur et à mesure que je les écosse!

Anonyme a dit…

Le parfum du petit pois quand on l'écosse est particulier, le printemps nous entre dans le corps par les narines ! Et comme ce bel objet tout rond et d'un beau vert comme seul la nature sait en fabriquer inspire les créateurs et les cuisiniers.
Pour l'anecdote, ma maman de son nom de jeune fille, s'appelait Poiron. Aussi, à chaque repas de famille (dans sa famille s'entend), les petits pois ronds et verts étaient-ils toujours du menu, que ce soit mariage, baptême, premier de l'an ou simple déjeuner. Une jolie tradition familiale, non ?
Que de beaux articles chez toi, Marraine la fée, je ne sais où donner du regard. J'apprécie tout particulièrement celui sur les autoportraits (une grande passion chez moi, les peintres, leur atelier, leurs habitudes, leurs autoportraits très révélateurs !). Ce qui m'étonne, moi, c'est qu'on autant d'autoportrait de femmes peintres alors qu'elles étaient si peu ou pas reconnues officiellement en tant qu'artistes.
Bisous et belle soirée, Marraine la fée.
Oursonne la douce

Anonyme a dit…

Comme j'aimerai passer ce moment doux là , maintenant .......
au lieu de me battre avec la bêtise
humaine
merci pour cette pose !!!

VanessaV a dit…

Un superbe moment de détente, écosser les petits poids... équeuter les haricots verts nous amenaient par contre à un peu plus d'énergie... des propos moins doux et lents!

Marraine a dit…

> Merci l'oursonne pour tes compliments! L'anecdote dont tu parles me plait beaucoup.

> Zoechiffon: courage! on est avec toi!

> Vanessa: Tiens oui, ce n'est aps faux. La différence entre les petits pois et es haricots verts... zut, j'ai oublié d'aller au marché ce matin, il faudra attendre mardi!

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