"Voyez par vous-même ce que cela put produire des douze coups de la nuit à quatre heures du matin. Des hommes qui avaient froid partout, sur qui la pluie tombait, s’en allaient pédalant. (…)
Les routes du nord étant pavées de cubes de pierre remarquables par leur irrégularité, les soixante pèlerins rescapés du Tour de France, que l’on appelle aussi « Tour de Souffrance », roulaient sur les trottoirs et en changeaient à chaque instant, comme s’ils cherchaient une place où ils auraient moins mal."
"À Labouheyre, le maréchal des logis de gendarmerie crie à ses concitoyens enthousiastes : « Faites place pour laisser passer ces messieurs les cyclistes ! »
"Ils ont roulé sur du silex, ils ont avalé les gros pavés du nord. Les nuits, quand il faisait trop froid, ils s’entouraient le ventre de vieux journaux : dans la journée, ils se jetaient des brocs d’eau sur leur corps tout habillé. Ainsi ils arrosaient la route jusqu’à ce que le soleil eût séché leur maillot."
"Dans le peloton des meilleurs, c’est la poursuite; de grosses voitures peinent à les suivre. Tout Le Havre est sur cinq kilomètres de route. On entend crier par mille voix :
- Bottechia ! Henri ! Francis !
C’est Bottechia qui en pleine ville donne le dernier coup de jarret vainqueur. Et le second est Ville, dit Jésus, dit Pactole."
(Extraits de Tour de France, Tour de Souffrance, Albert Londres, Le Petit Parisien, éditions des 23 juin, 2, 19 et 20 juillet 1924, images : Les Triplettes de Belleville, 2003)
2 commentaires:
... C'est adorable, comme toujours, et comme tout ce que je découvre ici ... Presque trop d'ailleurs, si j'en juge par mon incapacité, le plus souvent, à vous exprimer ma très réelle admiration ... On dirait que voir de ces merveilles que vous créez, m'ôte la parole et la prose qui voudraient vous remercier, chaque jour, d'enchanter mon imaginaire ...
... Merci, chère Marraine, et bien à vous ...
pas mal!et bon souvenir ... du film! parce que le cyclisme et moi... à part ma bicyclette, bien sûr!
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