lundi 14 mai 2012

L’anniversaire

Monsieur et Madame vivent dans un joli quartier.
Monsieur et Madame sont heureux.
Ils viennent d’acheter un nouvel appartement.
Grand.
Très grand même.
Un vieil appartement qui n’a pas été rafraichit depuis des dizaines d’années.
Les papiers peints se décollent un peu, les peintures s’écaillent par endroit, les tableaux ont laissé leurs traces sur les murs. Le parquet craque, les fenêtres se ferment mal, ça sent la poussière.
Mais ils sont heureux.

Les travaux débutent demain. Là ils feront leur chambre, là, celle de leur fille, ce mur-ci sera abattu, ce point d’eau déplacé…
Ce soir-là, c’est l’anniversaire de Madame.
- Ma chérie, j’ai réservé une table à huit heures et demie. Partons un peu en avance, nous passerons par l’appartement pour récupérer les clés, les ouvriers en auront besoin pour les travaux.

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C’était une nuit chaude et parfumée, 
une de ces nuits de printemps 
où l’on se serait cru aux plus beaux jours de l’été.

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20h20, ils ouvrent la porte.

Pourquoi le couloir du fond est-il éclairé ?
Il y a un peu de bruit.
Et les grandes portes-fenêtres de part et d’autre de l’entrée sont obstruées par des bâches de chantier…


Un ouvrier en bleu de travail fait son apparition.
- Mais? …Que faites-vous ici ?
Elle est interloquée.
- Nous, Madame ? On est l’équipe de nuit. - Mais vous ne deviez arriver que demain !? - Ah, Madame, faut voir ça avec l’entreprise ! Ils ont décidé de prendre de l’avance. D’ailleurs, vous voyez bien, nous avons tout bâché à cause de la poussière, on va poncer !

(…)

- Ah bon, c’est votre anniversaire, Madame ?! Alors venez boire un coup avec nous, on a même des petites choses à grignoter ! Bon, ne le leur dites pas, hein, on avait prévu de diner ici !

 Et sur la table de chantier, sous les yeux médusés de Madame (et de Monsieur), les ouvriers dévoilèrent le « casse-croûte du peintre » : Jambon Pata Négra, pâtés en croute truffés au foie gras, et de délicieuses petites choses qui ne demandaient qu’à être savourées. Des placards sortirent les verres, les bouteilles, les plateaux de crostinis.


A ce moment-là, la porte sonna, et entrèrent une soixantaine de personnes, tous les proches de Madame, qui n’en revenait pas de cet anniversaire surprise – car elle avait bien évidemment compris qu’il s’agissait de cela.
Les rires fusèrent, les éclats de joie, les embrassades, les larmes d’émotion.

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C’était une nuit chaude et parfumée, 
une de ces nuits de printemps 
où l’on se serait cru aux plus beaux jours de l’été.
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Au bout d’une heure et demie, les ouvriers s’éclipsèrent un instant avant de réapparaitre en grande tenue de serveurs et maitre d’hôtel. Ils arrachèrent les bâches qui masquaient les deux grandes pièces de réception, et tels des magiciens, dévoilèrent une extraordinaire table éclairée de mille bougies, dont les flammes se reflétaient dans l’or des chaises, le cristal des verres, et l’argent des couverts. Les guirlandes de jasmin couraient sur la table et embaumaient l’atmosphère.


Tous les convives prirent place à cette table de fête apparue comme par magie, une apparition de conte de fées.

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C’était une nuit chaude et parfumée, 
une de ces nuits de printemps 
où l’on se serait cru aux plus beaux jours de l’été.

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Le diner fut simple, mais délicieux, et les gambas grillées, (plat préféré de madame) furent accompagnées de dômes de riz noir de la vallée du Pô, cachant en leur cœur un trésor de petits légumes d’été, tel la bogue de terre d’une pierre précieuse, qui laisse voir les cristaux de rubis ou d’émeraude en son sein.


Après le salé, le silence se fit et l'on vit apparaitre le dessert, qui arriva sous la forme de très graphiques gâteaux Mont-Blanc de la célèbre pâtisserie parisienne Angelina, auréolés de la lumière des bougies.

Madame ne put retenir des larmes d'émotions, et Monsieur, debout, invita au silence pour remercier tous ceux qui étaient présents, autant les convives que les magiciens de cette soirée, Marie Chemorin et son équipe, mains invisibles du château de la Belle et la bête.



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C’était une nuit chaude et parfumée, 
une de ces nuits de printemps 
où l’on se serait cru aux plus beaux jours de l’été.

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Conception et Scénographie : Marie Chemorin et Delphine Roche de Montgrand
Réalisation : Marie Chemorin et son équipe (Julien, Pascal, Pierre, Delphine, Régine, Claudine, Lionel, Christophe)
Texte : Delphine Roche de Montgrand
Photos : © Régine Abadia
Liens :
- Marie Chemorin
- Delphine Roche de Montgrand
- Régine Abadia

14 commentaires:

Rachel Oo a dit…

RHAAAAAAAA c'est beauuuuuuuuu!

Clo a dit…

rhooooo ! trop bien !
et mention spéciale pour le buffet des ouvriers ;-D
merci de partager !

VanessaV a dit…

Magnifique!

Alma a dit…

Si bien conté, j'y étais !

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Mulot a dit…

C'est merveilleux, féerique, beau ... c'est beau !

florizelle a dit…

Un bien beau conte, en effet !

fée un voeu a dit…

Une idée magique... bravo !

Marraine a dit…

> Merci pour vos réactions enthousiasmées, je transmets les compliments à Marie!
... bon, j'ai un peu exagéré: ce soir-là, j'ai allumé non pas "mille" bougies, mais 200, mais le résultat était bien celui que nous recherchions.

Anaïs a dit…

Oh là là là là!
Génial!
Mais génial!
Ou comment mêler l'art de la performance, de la cuisine, et du théâtre, ou quelque chose comme ça.
bravo à tous,
(et bravo au Monsieur de la dame de lui avoir offert ce cadeau).

Agnèslamexicaine a dit…

c'est magique, quelle belle histoire et belle idée! j'imagine dans dix ans, "tu t'souviens?"

Castor a dit…

Absolument magique !

ateliersreinette a dit…

Waouh pour tout! magique!

Albine de Flore a dit…

Quelle féérie ! Quelle beauté ! Je trouve ça magique !!!

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